Madame la Présidente-Directrice générale Louise Marchand
Office québécois de la langue française
Madame,
Je suis linguiste spécialiste des questions orthographiques et j’enseigne à l’UQAM. Plusieurs employés de l’OQLF me connaissent par mes travaux et publications des dernières années sur les rectifications de l’orthographe du français.
J’ai lu la lettre ouverte du 12 février dernier qui vous était adressée dans le journal Le Devoir (« Au-delà des mots, les termes »).
Bien que je partage l’opinion exprimée dans cette lettre ouverte, je voudrais aborder ici une autre facette du Grand dictionnaire terminologique (GDT) :
celle qui touche l’orthographe.
Plusieurs fiches du GDT ont une orthographe désuète et contredisent d’autres fiches.
C’est particulièrement le cas de mots qui avaient un trait d’union autrefois mais qui n’en prennent plus.
Ainsi, les mots audiovisuel, antibrouillage, cumulonimbus, radioactif apparaissent dans le GDT tantôt sous leur forme ancienne avec trait d’union, tantôt sous leur forme moderne soudée.
Or, les dictionnaires Petit Larousse, Petit Robert, Littré, Hachette, Multidictionnaire soudent ce genre de mots de nos jours.
En effet, aujourd’hui les graphies *audio-visuel, *anti-brouillage, *cumulo-nimbus, *radio-actif sont sorties des dictionnaires courants, mais elles figurent malheureusement encore dans le GDT.
De plus, des mots de même famille sont orthographiés différemment d’une fiche à l’autre.
Par exemple, on trouve dans le GDT antidépresseur mais *anti-dépression; on trouve aussi autoérotisme mais *auto-érotique.
Comment expliquer ces orthographes contradictoires?
Pourquoi des graphies désuètes sont-elles encore présentes dans le GDT?
L’utilisateur ou l’utilisatrice du GDT ne sait plus comment s’y retrouver ni quelle orthographe choisir.
Vous avez une bonne équipe en place à l’OQLF. Vos linguistes et terminologues sont sensibles au besoin de modernité et de cohérence interne dans leurs travaux.
Ils ont besoin de votre appui, car nous sommes tous conscients que le GDT est une base de données colossale. Oui, sa mise à jour est une lourde tâche.
Mais peut-on se permettre de laisser de telles incohérences dans ce précieux ouvrage de notre patrimoine québécois, ouvrage qui est beaucoup consulté par les internautes d’ici et d’ailleurs?
J’ose espérer que vos priorités ne négligeront pas ce volet du GDT et que vous saurez accorder à votre équipe les budgets nécessaires à la mise à jour orthographique du Grand dictionnaire terminologique de l’OQLF.
Veuillez agréer, Madame, mes sincères salutations.
Chantal Contant, linguiste
Spécialiste des rectifications de l'orthographe du français
Département de linguistique, Université du Québec à Montréal
-- J'applique la nouvelle orthographe dans mes textes.
Pour tout savoir : www.nouvelleorthographe.info
Ma page personnelle : www.chantalcontant.info
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